Paris, France — Le 19 janvier, Jacques Chirac a profité d’une visite officielle à la base militaire de L’Ile Longue (Brest) pour annoncer un changement radical de cap de la doctrine nucléaire française. Sans débat ni consultation, et après des années de désarmement nucléaire progressif, le président de la République a relancé la course aux armements nucléaires. Une décision d’autant plus inacceptable et incompréhensible qu’il venait de dresser un rassurant constat : « Nous ne faisons actuellement l’objet d’aucune menace directe de la part d’une puissance majeure. »
Devant un parterre de militaires, et dans un contexte de tension en Iran, Jacques Chirac a défendu à mots couverts le principe de l’utilisation préventive (c’est-à-dire avant l’éclatement éventuel d’un conflit) d’une arme nucléaire nouvelle génération : de plus longue portée, plus précise, moins puissante. Et plus « facile » à utiliser, c’est-à-dire plus acceptable aux yeux de l’opinion publique.
Ce revirement n’est guère étonnant. Il s’inscrit dans la droite lignée de l’élaboration du missile M-51 (surpuissant et conçu pour emporter un nombre variable de têtes nucléaires) ou la construction, près de Bordeaux, du Laser Mégajoule (maîtrise des bombes à fusion pure).
Plus surprenant, le président de la République quitte sa posture pacifiste d’opposant à la guerre en Irak. Ignorant le Traité de Non-Prolifération, il jette aux orties le principe de la dissuasion et officialise un ralliement fort peu gaulliste à la doctrine de la « guerre préventive ». Inventée par George W. Bush et prônée par Tony Blair, cette doctrine justifierait notamment l’emploi de l’arme nucléaire contre une puissance régionale accusée d’apporter son soutien à des groupes terroristes. En clair : ne relevant jusqu’à présent que de la coopération diplomatique et policière, voilà que la lutte contre le terrorisme pourrait justifier des frappes nucléaires ! Or, aussi limitées et flexibles que deviennent les armes nucléaires, elles n’en demeurent pas moins des armes… nucléaires. C’est-à-dire des bombes de destruction massive extrêmement meurtrières. Et cela, Jacques Chirac, George Bush comme Tony Blair, ne peuvent l’ignorer.
Par
Loulou le mercredi 25 janvier 2006
Commentaires
La télé ferait bien de réfléchir à sept fois avant d'envoyer les images ... Jean Coctard
pas faux nonplus, sacré Jean coctard!!
;-)